Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

Vous n'êtes pas connecté. Connectez-vous ou enregistrez-vous

L'histoire du Québec en parallèle avec l'histoire du Canada, de la France et du monde

Aller en bas  Message [Page 1 sur 1]

Bizzz




L'histoire du Québec
En parallèle avec l'histoire du Canada, de la France et du monde


http://home.ican.net/~galandor/histoire.htm

Les grandes périodes de notre histoire


Je me souviens

Son origine

En concevant en 1883 les plans du Palais législatif de Québec (aujourd'hui l'Assemblée nationale), Eugène-Étienne Taché (1836-1912), architecte et sous-ministre des Terres de la Couronne, fit graver dans la pierre, sous les armes du Québec qui apparaissent au-dessus de la porte principale du parlement, la devise Je me souviens. Elle fut utilisée et désignée comme la devise du Québec durant plusieurs décennies. L'adoption en 1939 de nouvelles armoiries du Québec sur le listel desquelles elle figure, raffermit son caractère officiel.

L'histoire du Québec en parallèle avec l'histoire du Canada, de la France et du monde Photo-devise-01
Façade de l'Assemblée nationale
Photo Louise Leblanc (détail)


Sa signification

En l'absence de textes où Eugène-Étienne Taché expliquerait ses intentions, c'est en se plaçant dans le contexte où il a créé cette devise qu'on peut en comprendre la signification. Taché a conçu la décoration de la façade de l'hôtel du Parlement comme un rappel de l'histoire du Québec. Il en a fait un véritable Panthéon. Des bronzes y représentent les Amérindiens, les explorateurs, les missionnaires, les militaires et les administrateurs publics du Régime français, ainsi que des figures du Régime anglais, comme Wolfe, Dorchester et Elgin. D'autres éléments décoratifs évoquent des personnages ou des épisodes du passé et Taché avait prévu de l'espace pour les héros des générations à venir. La devise placée au-dessus de la porte principale résume les intentions de l'architecte : Je me souviens... de tout ce que cette façade rappelle


Avant la Nouvelle-France

ANNÉE ÉVÉNEMENTS

982 — Éric le Rouge (un Norvégien ou Viking) est banni pour trois ans de l'Islande pour avoir tué un homme. Il passe ce temps à explorer la côte ouest du Groenland («Terre verte», qu'il nomme ainsi pour attirer les colons). Son fils, Leif, débarque, peut-être par accident, sur le continent américain vers l'an 1000. Il identifie trois région: le Helluland (Terre de Baffin), le Markland (Labrador) et le Vinland (quelque part entre le Labrador et la Floride). Les colonies qu'il fonde ne dureront pas les Vikings quitteront le continent ou se mêleront aux autochtones puis, d'une génération à l'autre, perdront leur culture (qui deviendra peut-être, certains le pensent, la base de la culture du peuple Iroquois-Huron).

1453 — Le 29 mai, Constantinople passe aux mains des Turcs. Désormais, les bateaux qui voudront aller vers l'Est pour commercer devront payer une taxe. Comme les épices des Indes sont essentielles pour les médicaments et la conservation de la nourriture, les pays de l'Europe songent à trouver une autre voie pour aller aux Indes; soit en contournant l'Afrique (que l'on ne sait pas aussi immense), soit en allant vers l'ouest. On souhaite découvrir une route plus courte, mais surtout on désire éviter les intermédiaires commerciaux.

— La ville de Constantinople porte son nom depuis 330, elle s'appelait auparavant Byzance. Mais avec l'arrivée des Turcs, elle prend le nom d'Istanbul.

1520 — On croit qu'une colonie portugaise, dont l'existence est éphémère, s'établit au Cap-Breton.

1524 — En France, François 1er envoie le Florentin Verrazzano vers l'Amérique. Comme il ne découvre ni or ni passage vers l'Asie, à son retour en France on considère son voyage comme un échec.

— Les Français se sont lancés dans la course aux explorations seulement après tout le monde pour plusieurs raisons, mais entre autres à cause des guerres d'Italie qui les ont occupés pendant près de trente ans (1492-1519). De fait, la France avait moins besoin que les autres pays de participer aux explorations, car elle était suffisament riche et puissante pour subvenir à tous ses besoins ; elle se lancera finalement vers l'ouest pour lutter économiquement contre l'Espagne.

1531-32 — Sous le commandement de Pizarro, chargé de la conquête du Pérou, les Espagnols s'emparent de l'empire Incas.

1534-1541 — Jacques Cartier (pour la France sous François 1er) fait trois voyages en terre canadienne. Premier voyage: départ de Saint-Malo le 20 avril 1534, avec 61 hommes et 2 navires qui mettent seulement 20 jours à traverser l'Atlantique. On cherche un passage vers l'Asie, mais on ne découvre même pas le fleuve. On prend cependant « possession » du territoire à Gaspé. Cartier ramène deux fils du chef iroquois Donnacona. Deuxième voyage: départ le 19 mai 1535, avec 110 hommes et 3 navires qui mettent 2 mois pour compléter la traversée. Cartier va jusqu'au village iroquois d'Hochelaga (Montréal). L'équipage passe l'hiver, 20 personnes meurent du scorbut avant que Cartier arrive à obtenir des Amérindiens une recette (à base de feuilles de cèdre blanc) contre cette maladie. Troisième voyage: la France veut établir une colonie, elle donne le commandement à Roberval. Cartier part d'abord, avec 376 hommes et 5 navires qui mettent 3 mois à traverser. Lorsque Roberval arrive, avec 200 hommes et 3 navires, il croise Cartier qui revient avec de la pyrite de fer et du quartz qu'il prend pour de l'or et des diamants. Roberval donne l'ordre à Cartier de rester mais, pendant la nuit, celui-ci part pour la France sans avoir donné la recette contre le scorbut à son chef. Roberval passe un hiver difficile, 50 hommes meurent. Au bout du compte, on considère ces voyages comme un échec. Par la suite, d'autres préoccupations, et en particulier les guerres, empêchent la France de s'intéresser au Canada pendant plus d'un demi-siècle. On appelle la période 1534-1603 celle des « vaines tentatives ».

— Dans la langue amérindienne, Québec veut dire « rétrécissement du fleuve ».

1541 — Les conquistadores espagnols s'emparent du Yucatán (presqu'île du Mexique); c'est la fin de l'empire maya. Toutes ces conquêtes font de l'Espagne un pays riche. Les autres pays d'Europe voudront bientôt développer des colonies pour importer des matières premières qui serviront à produire des marchandises que l'on vendra aux Espagnols. Ces pays développeront ainsi des industries, une économie, alors que l'Espagne, qui achète tout plutôt que de fabriquer, finira par se retrouver en fort mauvaise position.

1565 — Sous la direction de l'amiral de France Coligny (un protestant), 600 protestants français tentent de s'établir en Floride, mais une flotte espagnole puissante les déloge. Un peu avant, en 1555, des protestants français avaient essayé de s'établir au Brésil, mais la colonie avait été chassée par les Portugais.

1597 — Épisode de l'île de Sable. Le Français La Roche installe sur cette île d'une quarantaine de kilomètres, près de la Nouvelle-Écosse, un groupe d'environ 50 hommes (des mendiants). Toutes les années, un bateau revient avec de la nourriture, sauf en 1602. L'année suivante, il ne reste que 11 survivants.

1599 — Pierre Chauvin fonde un petit poste de traite à Tadoussac avec une quinzaine d'hommes.

1603 — Samuel de Champlain s'allie aux Hurons et aux Algonquins contre les Iroquois. A ce moment, on compte environ 30 000 Hurons et 15 000 Iroquois; mais une série d'épidémies viendra abaisser la population des Hurons à 12 000 tandis que celle des Iroquois demeurera inchangée.

1604 — Pierre du Gua de Monts et son cartographe Samuel de Champlain installent le premier établissement permanent d'Amérique du Nord sur l'île Sainte-Croix, le berceau de l'Acadie. Trente-cinq des 79 hommes mourront dès le premier hiver, ce qui incitera les survivants à déménager l'été suivant à Port-Royal, du côté de la baie de Fundy.

1608 — Fondation de la ville de Québec par celui que l'on surnomme « le père de la Nouvelle-France », Samuel de Champlain (pour la France sous Henri IV). De 1603 à 1627, la Nouvelle-France est un simple comptoir de traite; en 1609, seulement 16 personnes y passent l'hiver.

1609 — L'Italien Galilée est le premier à observer les planètes avec un télescope. Il découvre ainsi les quatre plus gros satellites de Jupiter et les anneaux de Saturne.

1627 — Création par Richelieu de la Compagnie de la Nouvelle-France (ou des Cent-Associés). Ce sont 100 actionnaires qui ont pour mission de développer le Canada. L'année suivante, la première expédition, qui compte 400 personnes, tombe entre les mains des Anglais et ne parvient jamais à destination.

— Il n'y a que 5 femmes dans la colonie à cette époque.

1629-1632 — Occupation de Québec et de l'Acadie par les Anglais. Champlain est fait prisonnier. S'ensuit la faillite de la compagnie des Cent-Associés, qui demeure cependant en charge de la colonie jusqu'en 1663. La France reprend possession de la colonie en 1632 suite au traité de Saint-Germain-en-Laye. Quand Champlain meurt en 1635, la colonie compte moins de 200 habitants.

1633 — Galilée est forcé par le tribunal de l'Inquisition de Rome de renier sa croyance en une terre qui tourne autour du soleil (l'Église prétend que c'est le soleil qui tourne autour de la Terre). Ce ne sera qu'en 1922 que le système de Copernic sera accepté par l'Église catholique.

1634 — Fondation de la ville de Trois-Rivières.

— De 1630 à 1640, 65 000 personnes émigrent dans les colonies américaines, tandis que la Nouvelle-France ne compte pas même 500 personnes.

— Entre 1632 et 1662, les causes principales de mortalité dans la colonie française se répartissent comme suit: 34 % les guerres iroquoises, 27 % la mortalité infantile, 15 % la noyade, 15 % les maladies.

1642 — Paul de Chomedey de Maisonneuve fonde Ville-Marie (Montréal); ce n'est alors qu'un fort servant à se protéger contre les premières attaques des Iroquois (la première grande guerre iroquoise dure de 1642 à 1667).

— La Nouvelle-France ne compte que 500 personnes, dont seulement 132 femmes.

A Suivre...

ANNÉE ÉVÉNEMENTS

(1643-1788)




Dernière édition par Lisou le Mer 8 Oct - 21:50, édité 2 fois

Bizzz




La Suite...

1643 — En France: Louis XIV devient roi de France, mais comme il n'a alors que 5 ans, c'est Mazarin (cardinal et homme politique d'origine italienne) qui assure la régence jusqu'à sa mort en 1661, année à partir de laquelle le roi prend vraiment le pouvoir et le garde jusqu'à la fin de sa vie en 1715. Louis XIV mène la politique de l'absolutisme, il fait de la royauté un droit divin et gouverne tout lui-même. Il déclenche de nombreuses guerres; son règne a cependant le mérite de soutenir l'essor artistique français. En ce qui concerne la Nouvelle-France, le Roi-Soleil prend des mesures énergiques pour assurer le progrès de la colonie: transformation du régime seigneurial, nomination d'un gouverneur (en charge de la défense) et nomination d'un intendant (responsable de la justice, de la police et des finances).

1654-1667 — Deuxième occupation de l'Acadie par les Anglais. Ceux-ci l'occuperont de nouveau temporairement en 1690, puis définitivement en 1713 par le traité d'Utrecht.

1663 — Mise en place, par le ministre des finances Colbert (pour la France sous Louis XIV), d'un gouvernement royal en Nouvelle-France. Le pays est administré tel une province française, avec un gouverneur sur place.

L'année 1663 met un terme à la période que l'on appelle « l'âge héroïque » de la Nouvelle-France, c'est-à-dire l'époque où la colonisation et ses découvertes étaient fondées sur l'individu et ses exploits.

1665 — Le régiment de Carignan-Salières (régiment d'élite) arrive dans la colonie pour vaincre les Iroquois. Ils sont environ 1300 hommes, ce qui représente plus du tiers de la population de tout le pays.

1666 — Intendant de la Nouvelle-France depuis un an, Jean Talon organise un premier recensement, qui dénombre 3215 habitants. Pour encourager les mariages et les naissances, il imposera ensuite, par exemple, des amendes aux pères qui ont un fils de 21 ans ou une fille de 17 ans célibataires, et donnera des avantages aux familles nombreuses comme l'éducation gratuite au 23e enfant. Grâce à Talon, la population de la colonie passera à 6700 habitants en 1672. Pour aider, le roi Louis XIV envoie (entre 1665 et 1673) 750 jeunes filles à marier, des orphelines pour la plupart, que l'on a surnommées « les filles du roi ». Talon retourne en France en 1672 au moment où Frontenac, un homme qu'il n'aime pas, arrive dans la colonie.

1684 — Encouragés par les Britanniques, les Iroquois dirigent à partir de cette année une deuxième série d'attaques contre les établissements français.

1686 — Les Français s'emparent de trois forts anglais de la baie d'Hudson. Trois ans plus tard, alors que Frontenac reprend sa place de gouverneur, ils font une série de raids contre les postes de la Nouvelle-Angleterre.

— La population de la colonie compte près de 10 000 habitants (à la même époque, on dénombre dans les colonies américaines environ 200 000 personnes).

— La politique de mercantilisme de la France viendra nuire au développement de la Nouvelle-France. Selon cette politique, la colonie n'existe que pour la métropole, et son industrie doit être réduite au strict essentiel et ne jamais entrer en compétition avec les industries françaises. Le mercantilisme a pour but de faire entrer les matières premières des colonies dans la métropoles où elles seront transformées et vendues à la riche Espagne qui paie en or tout ce qu'elle achète (cet or lui vient de ses colonies d'Amérique). La France et l'Angleterre développent donc des industries alors que l'Espagne ne développe rien, se contentant d'acheter ; de là la chute prévisible de l'Espagne du rang d'empire.

1697 — En trois ans, les Français dirigés par le Canadien Iberville ont chassé les Anglais de l'Acadie, de Terre-Neuve et de la baie d'Hudson. Mais cette même année, la France et l'Angleterre signent le traité de Ryswick qui met fin à la première guerre intercoloniale (qui dure depuis huit ans) ; les deux métropoles décident de revenir à la situation d'avant-guerre: Iberville doit rendre les postes conquis à Terre-Neuve.

1701 — La paix est signée avec les Iroquois; c'est la fin des guerres indigènes.

— La colonie compte moins de 15 000 habitants.

— Durant tout ce siècle, les Canadiens français mènent une vie religieuse intense ; les jours consacrés à la prière (les dimanches et les fêtes d'obligation) couvrent le quart de l'année ; les jours sans viande ou de jeûne complet équivalent à près de cinq mois.

1711 — La guerre de succession d'Espagne atteint son point culminant en Amérique avec l'expédition de l'amiral Walker sur Québec. Ses effectifs sont considérables: 5300 soldats et 6000 marins. Cependant, à cause de vents violents, une partie de la flotte échoue sur une île, l'expédition est un échec.

1713 — En Europe, signature des Traités d'Utrecht. On met fin à la guerre de succession d'Espagne: Philippe V conserve le trône espagnol mais cède des terres à l'Allemagne; la France (sous Louis XIV) cède à l'Angleterre l'Acadie (Nouvelle-Écosse), Terre-Neuve et la baie d'Hudson.

— La population de la Nouvelle-France compte 18 000 personnes alors que les colonies anglaises plus au sud comptent 350 000 personnes.

1730-1749 — 648 condamnés pour délits mineurs en France arrivent en Nouvelle-France pour s'y établir.

— De toute l'activité économique de la colonie, la traite des fourrures demeure l'activité dominante avec 70 % des exportations contre 20 % pour les produits agricoles.

1734 — Inauguration de la route de Québec à Montréal.

— Le 10 avril, un incendie détruit l'Hôtel-Dieu de Montréal et une quarantaine de résidences. On accuse (probablement à tort) une esclave noire, Marie-Josèphe, dite Angélique. Condamnée à mort, elle est pendue en public et brûlée le 21 juin.

1743 — 1er janvier : François Chevalier de la Vérendrye est le premier homme blanc de l'histoire à apercevoir les montagnes Rocheuses de l'Ouest canadien.

1754-1760 — Guerre de la Conquête (4ième guerre intercoloniale). Deux ans avant la guerre de Sept Ans (qui opposera entre autres la France et l'Espagne à l'Angleterre et la Prusse), les colonies anglaises s'unissent pour en finir avec la Nouvelle-France. En 1755 commence la déportation des Acadiens : 7000 d'entre eux sont envoyés sur la côte américaine. Le gouverneur de la Nouvelle-Écosse (Lawrence) craignait de les voir intervenir dans le conflit. En 1756, le gouverneur Montcalm arrive en Nouvelle-France avec trois mille hommes. En 1759, l'Anglais Wolfe et son armée assiègent pendant dix semaines la ville de Québec qui capitule après la célèbre bataille sur les plaines d'Abraham (durant laquelle Montcalm et Wolfe sont blessés mortellement). L'année suivante, en 1760, les Anglais s'emparent de Montréal ; la Nouvelle-France leur appartient. On s'entend pour dire aujourd'hui que Montcalm n'était pas le plus fin militaire, et que la résistance canadienne aurait pu être beaucoup plus efficace.

1763 — En Europe, signature du Traité de Paris. La Nouvelle-France passe à l'Angleterre (sous George III) suite à la guerre de Sept Ans et à la défaite de la France (sous Louis XV). Seules les îles Saint-Pierre et Miquelon restent françaises. La Louisanne appartient alors à l'Espagne depuis un an, elle n'est donc pas cédée à l'Angleterre (elle redeviendra une possession française en 1800, mais Napoléon la vendra aux États-Unis en 1803, conscient qu'il ne pourrait pas la défendre de toute façon).

— L'Angleterre donne une constitution (la Proclamation Royale) à la Nouvelle-France qui devient alors « The province of Quebec » ; elle prévoit l'assimilation à plus ou moins long terme des Canadiens français. Près de 2000 d'entre eux retournent en France entre 1760 et 1770.

— Les Britanniques doivent lutter jusqu'en 1766 contre des tribus amérindiennes alliées à la France qui se révoltent sous la direction du chef outaouais Pontiac. De toutes les nations autochtones, les Abénakis seront les plus fidèles aux Français.

1764 — La Gazette de Québec, premier journal à être publié au Québec, commence à paraître.

1765 — Population du Canada : 69 810, presque tous des francophones.

— À Québec, le Séminaire prend la relève du Collège des Jésuites.

1767 — À Montréal, les Sulpiciens ouvrent le Collège Saint-Raphaël.

1774 — Pour éviter que les troubles dans les colonies américaines se répandent jusqu'au Canada, le gouvernement britannique décide d'être plus ouvert face aux Canadiens français et révoque la Proclamation Royale qui, entre autres, faisait de la religion protestante la seule religion officielle. On rédige l'Acte de Québec, qui constitue une sorte de charte des droits des francophones et qui agrandit le territoire de la province (elle s'étend maintenant jusqu'aux grands lacs). On reconnaît à présent les lois civiles françaises et on accorde aux catholiques le droit de pratiquer leur religion.

1775 — L'imprimeur Fleury Mesplet arrive au Canada. Sa présence se fera sentir dans le milieu littéraire francophone.

— Les Américains (avec à leur tête Montgomery et Arnold) décident de rallier les Canadiens par la force à leur lutte pour l'indépendance. Ils commencent l'invasion de la province de Québec : toute la région de Montréal passe entre leurs mains. L'année suivante, ils échouent dans leur tentative de prendre la ville de Québec, puis des renforts britanniques arrivent en grand nombre, ce qui force les Américains à retraiter à l'extérieur de la colonie.

1778 — Fondation de la Gazette littéraire de Montréal.

— La France annonce officiellement qu'elle soutient les colonies américaines dans leur guerre pour l'indépendance. Son appui matériel, financier et militaire augmente considérablement leur chance de vaincre l'Angleterre. Le marquis de La Fayette est déjà en Amérique depuis un an et il mène des batailles importantes. La victoire est finalement acquise en 1781 et le traité de Versailles, qui procure l'indépendance aux États-Unis, est signé en 1783. L'intervention de la France soulève de grands espoirs parmi toute la population canadienne qui se croit sur le point d'être débarrassée des Anglais ; mais ce sera pour les Canadiens français une amère déception de constater que la mère patrie a définitivement renoncé au Canada.

1779 — Le marchand et poète Joseph Quesnel arrive au Canada, à l'âge de 33 ans. L'année suivante il épouse la fille d'un riche trafiquant de fourrures, puis, en 1793, il va s'établir à Boucherville. De son temps, on le connaît comme auteur de la pièce de théâtre L'Anglomanie et de l'opéra comique Colas et Colinette, mais il composera aussi une trentaine de poèmes.

1783 — Signature du traité de Versailles qui proclame l'indépendance des États-Unis.

1784 — Population du Canada : 113 012.

— Création du Nouveau-Brunswick suite à l'arrivée des Loyalistes (des Américains fidèles au roi d'Angleterre). L'année précédente, le traité de Versailles forçait l'Angleterre à céder certaines de ses colonies à la France et à l'Espagne.

1788 — Fondation du Herald de Québec.

A Suivre...

ANNÉE ÉVÉNEMENTS

Le Bas-Canada (1791-1840)


Bizzz




La Suite ...
1791 à 1822


1791 — Formation du Haut-Canada (Ontario, 15 000 Anglais loyalistes qui viennent des États-Unis) et du Bas-Canada (Québec, 160 000 Français). Les deux colonies disposent d'un gouverneur et d'une Chambre d'assemblée (qui n'est là qu'à titre consultatif). L'Acte constitutionnel de 1791 est dû à la présence des Loyalistes qui, habitués à la démocratie, veulent une Chambre d'assemblée. La Canada est séparé en deux pour permettre aux Anglais d'avoir leurs propres lois et de ne pas être noyés dans la majorité francophone.

— L'année suivante a lieu la première élection ; les femmes qui satisfont aux conditions ont le droit de vote (il faut être propriétaire d'une terre), elles le perdront en 1834, et ne le recouvreront au Québec qu'en 1940.

— La ville de Québec compte plus d'habitants que Montréal : 20 000 comparativement à 14 000.

— De 1791 à 1812, 80 % du budget est consacré à la partie militaire du gouvernement, alors que seulement 20 % est géré par la partie civile.

— Climat de prospérité économique, grâce entre autres au prix du blé qui est à la hausse sur le marché de l'exportation. L'industrie des fourrures, qui va bientôt s'effondrer, constitue pourtant encore près de 50 % des exportations.

1800 — Le Canada compte environ 120 paroisses catholiques et quelque 215 000 personnes habitent le Bas-Canada.

1801 — Une série de mauvaises récoltes et l'effondrement du commerce des fourrures font connaître à l'économie canadienne de graves difficultés pendant quelques années.

— En France, François René de Chateaubriand, à 33 ans, écrit Atala. L'année suivante, il fait paraître René. La période du romantisme français est amorcée.

1803-1832 — Durant cette période seront fondés sept collèges au Québec, d'où sortiront les futurs littérateurs québécois. En 1803, le Collège de Montréal des Sulpiciens compte 120 pensionnaires.

— La production artistique de caractère religieux est soumise à deux tendances : le Montréalais Louis Quévillon anime un courant de style Louis XV, tandis que sous l'impulsion de François Baillairgé, la tradition subit l'influence anglo-américaine et adopte le style néo-classique. Les Baillairgé sont de père en fils, sur trois générations, des sculpteurs et des architectes importants.

1804 — En France, Napoléon, qui a pris le pouvoir en 1799, se fait couronner empereur. Il perdra le pouvoir pour de bon après la bataille de Waterloo en 1815.

1805 — Le Quebec Mercury commence à paraître, c'est une presse partisane qui défend les intérêts des marchands anglais.

— Querelle retentissante : le gouvernement a besoin d'argent pour construire de nouvelles prisons, doit-il taxer l'importation (i.e. les anglophones) ou la propriété foncière (les francophones) ? La division ethnique des partis politiques s'accentue. On taxe finalement l'importation, celle du thé entre autres. Les anglophones dénoncent le pouvoir des francophones dans la Montreal Gazette et dans le Quebec Mercury. C'est en partie pour leur répliquer que les francophones créent Le Canadien l'année suivante.

— On compte 1075 fidèles par prêtre ; près d'une centaine de paroisses sont privées d'un curé résident. En 1830, on comptera plus de 1800 fidèles par prêtres.

— Population de la ville de Montréal : 9 000 habitants.

1806 — Le 17 janvier, suite à la mort de Mgr Denaut, Joseph-Octave Plessis devient évêque de Québec, à l'âge de 43 ans. Aussitôt en fonction, Mgr Plessis nomme le prêtre Bernard-Claude Panet, âgé de 53 ans, son coadjuteur. Cela signifie que Panet devient évêque de Montréal, en plus d'être désigné successeur de Plessis. L'évêque de Québec aura à tenir tête au gouverneur James Craig (qui arrivera l'année suivante) et à Mountain, l'évêque anglican. À sa mort, le 4 décembre 1825, Plessis aura ordonné 114 prêtres et 6 évêques. Il aura tenté de faire diviser son diocèse (qui couvre tout le Canada, jusqu'au Rocheuse) en cinq diocèses distincts, ce que Londres refusera. Un peu plus tard, on acceptera que le diocèse de Québec soit divisé en trois parties et que la région de Montréal forme un diocèse à elle seule.

— Fondation du Canadien, par le leader de la majorité à l'Assemblée du Bas-Canada, Pierre Bédard (son fils Joseph-Isidore Bédard, futur poète et député, voit le jour la même année). Ce premier journal québécois passera d'un parti politique à l'autre, au gré de ses propriétaires. Il connaîtra d'autres heures de célébrité entre 1874 et 1893 lorsqu'il sera dirigé par Israël Tarte, qui se joindra aux libéraux en 1883.

1807 — James Henry Craig débarque à Québec pour succéder à Milnes comme gouverneur. Il renoncera au rôle d'arbitre que tenaient ses prédécesseurs, pour prendre le parti des bureaucrates et des marchands anglais. Il déclenche deux élections en deux ans pour essayer de se débarrasser de ses adversaires. Ceux-ci sont réélus avec encore plus de force, y compris Pierre Bédard et François Blanchet du Canadien, que Craig fait même emprisonner quelque temps pendant la campagne électorale.

1809 — Un premier bateau à vapeur circule entre Québec et Montréal, il s'agit de l'Accomodation, du brasseur John Molson. Il fait l'aller-retour entre Montréal et Québec en 66 heures.

— Mort de Joseph Quesnel, à l'âge de 63 ans. On se souviendra longtemps du bon animateur culturel qu'il a été.

— À Québec, naissance (et mort la même année) de la Société littéraire de Québec. On y trouve notamment François Romain (bibliothécaire de la seule bibliothèque publique de Québec), Louis Plamondon et le docteur Jacques Labrie, ainsi que Philippe-Joseph Aubert de Gaspé. En avril, la Société lance un concours pour célébrer la naissance de George III. Mais malgré ses témoignages de loyauté envers pouvoir, des pressions se font pour que la Société disparaisse.

1810 — Le Canadien est supprimé et ses rédacteurs sont arrêtés (Bédard, Blanchet, Taschereau). Pendant ce temps, les sermons de l'évêque Plessis prônent la plus grande loyauté envers la Couronne britannique. Mgr Plessis fait même lire par les curés la proclamation du gouverneur contre le Parti canadien. En reconnaissance de cette collaboration, il reçoit un traitement de 1000 livres.

— Les exportations canadiennes : 9 % pour les fourrures, 15 % pour les produits agricoles et 74 % pour le bois. La demande en bois a beaucoup augmenté en Angleterre depuis le début du blocus continental de Napoléon. L'industrie des chantiers se développe ; les agriculteurs s'adaptent en produisant plus d'avoine et de fourrage, délaissant le blé que le Haut-Canada produit en plus grande quantité et à un meilleur prix. Dans l'ensemble, le blé représente les deux tiers de tout le grain récolté ; les autres cultures importantes sont celles des pois (pour les fèves au lard), du chanvre, du lin et du maïs. Parallèlement se développe la culture de la pomme de terre.

1811 — Fondation du séminaire de Saint-Hyacinthe.

1812-1816 — Pendant ces quatre années, le Français Joseph Mermet, du régiment suisse de Watteville, installé à Kingston, publie des poèmes patriotiques et militaires dans le Spectateur canadien. Il a quitté la France pour la Suisse parce qu'il était dégoûté des excès de 1793 de la Révolution. C'est Jacques Viger qui contribue à le faire connaître, en publiant les poèmes que Mermet joint à ses lettres.

— De 1812 à 1814, les États-Unis font la guerre à la Grande-Bretagne et attaquent les deux Canadas. Comme en 1775-76, ils sont repoussés (par les troupes canadiennes et les Amérindiens du chef Tecumseh). Ils n'essaieront plus jamais de faire la conquête du Canada. Contrairement à ce qui s'était passé en 1775, on n'a eu aucune difficulté à recruter des miliciens parmi les Canadiens français pour combattre les troupes américaines. C'est que la perception que l'on a des Américains n'est plus la même depuis la Révolution de 1789. En 1813, le régiment canadien-français les Voltigeurs, commandé par Charles-Michel de Salaberry, repousse les Américains lors de la bataille de Châteauguay.

1815 — Population du Canada : environ 335 000.

— Le gouverneur George Prevost, en poste depuis 1811, est rappelé à Londres suite à des pressions de la bourgeoisie anglaise qui lui reprochait sa bienveillance vis-à-vis du Parti canadien. Il est remplacé par Gordon Drummond, alors que Louis-Joseph Papineau devient président de l'Assemblée du Bas-Canada. L'année suivante, le nouveau gouverneur dissout l'Assemblée et déclenche des élections générales qui ramènent au pouvoir à peu près les mêmes députés.

— Joseph Bouchette, arpenteur-géomètre de 41 ans, fait paraître en français et en anglais sa Description topographique de la province du Bas Canada ; l'ouvrage est publié à Londres grâce à une subvention du gouvernement canadien (chose exceptionnelle). Ce Bouchette est un anglophile ; il conçoit son oeuvre comme un hommage à la domination britannique.

— Ouverture d'une succursale de la librairie française Bossange à Montréal, qui permet aux Canadiens d'avoir plus facilement accès aux livres de France. À l'été, les livres proviennent de Londres ; à l'hiver, ils arrivent de Boston ou de New York. C'est Hector Bossange, le fils de Martin Bossange, qui ouvre la succursale de Montréal. Il repassera en France en 1819, laissant la librairie à son commis Théophile Dufort, qui la vendra à Édouard-Raymond Fabre en 1823, le beau-frère d'Hector Bossange qui revient d'un stage à Paris chez Martin Bossange.

1816 — À l'été, John Coape Sherbrooke arrive à titre de nouveau gouverneur. Sa force de caractère en fait l'homme de la situation. L'année suivante, il nomme Mgr Plessis au Conseil législatif et il reconnaît officiellement son titre d'évêque.

— Le Bas-Canada subit sa pire récolte depuis le début du siècle.

— Michel Bibaud (1782-1857) a 34 ans ; pendant plus de vingt ans (jusqu'en 1840), ce journaliste, cet historien, ce poète, fonde une série de périodiques pour stimuler la production des auteurs québécois. Dès 1817, il lance L'Aurore, journal qui fait une large place à la littérature, qui paraît pendant deux ans, avant d’être absorbé par Le Spectateur canadien que dirigera Bibaud. Il fondera aussi La Bibliothèque canadienne (1825-1830), un mensuel destiné au public lettré, puis l’hebdomadaire L'Observateur (1830-1831), le mensuel le Magasin du Bas-Canada (1832) et L'Encyclopédie canadienne (1842-1843). Il collabore étroitement avec Jacques Viger et Ludger Duvernay, mais ses sympathies bien affichées pour le Parti bureaucrate l’isolent au sein de la majorité patriote.

1817 — Fondation de la Banque de Montréal, puis, l'année suivante, fondation de la Banque de Québec.

— Le gouvernement britannique, par le biais du gouverneur Sherbrooke arrivé l'année précédente, accorde une reconnaissance officielle à l'Église catholique du Canada, en grande partie pour récompenser le zèle dont a fait preuve l'évêque Mgr Plessis durant la guerre contre les Américains.

— Michel Bibaud fait paraître dans L’Aurore ses chroniques sur l’état de la langue française, du type « dites et ne dites pas » ; c’est que la formation littéraire s’attache trop au latin et pas suffisamment au français, dont on maîtrise mal l’orthographe et les règles de syntaxe, en plus de subir l’influence de la structure de l’anglais.

— À l'étranger : la romancière anglaise Mary Godwin Shelley publie, à 20 ans, Frankenstein ou le Prométhée moderne. Deux ans plus tard, en France, la traduction du Vampire du Dr Polidori (oeuvre que l’on attribue à Byron) connaît un grand succès. Puis en 1821, paraît Frankenstein en France, en version française.

1820 — Après 1820, on remarquera les peintres canadiens suivants : Cornelius Krieghoff, Joseph Légaré, Antoine-Sébastien Plamondon et Théophile Hamel, chez qui la copie des maîtres européens, la rigueur dans la composition et la thématique d'inspiration religieuse, l'emportaient sur l'originalité.

— Le duc de Richmond, un aristocrate qui ne se soucie pas du tout de la colonie canadienne, devient gouverneur en 1818, mais il meurt dix mois plus tard. Le juge Monk, qui assure l'intérim, dissout la Chambre au début de 1820. Les élections au Bas-Canada ramènent le Parti canadien au pouvoir. Puis la mort du roi George III donne lieu à de nouvelles élections la même année. En juin, lord Dalhousie débarque à Québec comme nouveau gouverneur.

— Louis-Joseph Papineau prononce à Montréal un discours où il regrette la mort du roi George III d'Angleterre, à qui il attribue « l'heureuse situation » actuelle des Canadiens, comparativement à celle du temps de la Nouvelle-France. Mais en 1834, il tiendra un discours très différent, prétextant la naissance d'une France nouvelle depuis la Révolution.

1821 — Fusion de la North West Company et de la Hudson's Bay Company.

— Fondation de l'Université McGill à Montréal.

1822 — Année mouvementée au Québec : les Anglais essaient de faire adopter par Londres un acte d'union des deux Canadas, acte qui inclurait la suppression du français. L.-J. Papineau (alors président de la Chambre) et J. Neilson (un journaliste francophile) se rendent à Londres pour s'opposer au projet.

— Étienne Parent (1802-1874), âgé de 20 ans, remplace Augustin-Norbert Morin à la rédaction du Canadien. Le journal cesse de paraître en 1825, mais Parent lui redonne vit à partir de 1831 ; ses principaux articles d'alors portent sur la défense de la libre expression des journalistes. Parent appuie les Patriotes jusqu'en 1837, mais sans suivre Papineau, dont il craint les excès.

— En France, Charles Nodier, à 42 ans, est temporairement à la tête de l'école romantique. Il publie cette année-là Trilby ou le Lutin d'Argail, une oeuvre dite fantastique. L'année précédente, sous l'influence germanique, Nodier avait écrit Smarra ou les Démons de la nuit, une autre oeuvre appartenant au « romantisme noir ».



A Suivre ...
1824 à 1839



Dernière édition par Lisou le Mer 8 Oct - 21:44, édité 1 fois

Bizzz




La Suite de 1824 à 1832


1824 — Fondation, le 6 janvier, à Québec, de la Literary and Historical Society of Quebec (LHSQ), par lord Dalhousie. Cette société a pour but de répondre aux inquiétudes de l’historien William Smith qui avait déploré la détérioration et la disparition de documents historiques relatifs à la colonie. Le gouverneur fonde donc cette société, et la subventionne, pour qu'elle s’emploie à étudier et à collectionner tous les documents historiques. Mais la Société est jugée trop britannique et trop entre les mains du pouvoir pour être impartiale ; des Canadiens fondent donc, au printemps 1827, la Société pour l’encouragement des sciences et des arts au Canada. À la fin de l’été 1829, les deux sociétés fusionnent dans la première, au profit des anglophones qui dominent nettement tout ce qui se fait au sein de la nouvelle LHSQ.

1825 — Le gouverneur Dalhousie, excédé de ses nombreux conflits avec l'Assemblée du Bas-Canada, se rend à Londres pour y faire modifier la constitution de 1791. Pendant son absence, son subalterne le lieutenant-gouverneur Francis Burton parvient à s'entendre avec le parti Patriote, ce qui enlève toute pertinence au projet de Dalhousie.

— Au Québec, la population urbaine représente environ 10 % de la population totale.

— L'Écossais Robert Weir devient rédacteur du Montreal Herald et s'acharne sur la nation française.

— Fondation du théâtre Molson, qui permettra le développement du théâtre profane.

— Il y a 150 000 personnes au Haut-Canada, la population a doublé en 15 ans, grâce à l'immigration britannique.

— 1825-30 : Plus de 16 000 immigrants britanniques se fixent dans les terres seigneuriales du Bas-Canada, au grand mécontentement des francophones qui commencent à manquer de terre, ce qui, par ailleurs, n'aide en rien à la crise agricole. L'économie du Bas-Canada repose alors en grande partie sur le commerce du bois.

— À l'âge de 72 ans, Bernard-Claude Panet succède à Mgr Plessis à titre d'évêque de Québec. Il mourra huit ans plus tard, après avoir été 44 ans curé de la Rivière-Ouelle et 20 ans évêque de Montréal, et avoir sacré 63 prêtres et un évêque. Sa principale réalisation sera le parachèvement de la construction du nouveau séminaire de Nicolet, à mi-chemin entre Montréal et Québec, auquel était tant attaché Mgr Plessis. Il nomme Mgr Signay comme coadjuteur.

— On inaugure le canal Lachine, près de Montréal. En 1829, on ouvrira le canal Welland et en 1832, le canal Rideau. Ces infrastructures facilitent le commerce et les déplacements.

— À Montréal, on fonde la Natural History Society of Montreal pour faire pendant à la LHSQ de Québec.

1826 — C'est à partir de cette année que Michel Bibaud livre par tranches son Histoire du Canada sous la domination française, ouvrage qui sera réuni en un seul volume en 1837. En 1844, il fera paraître son Histoire du Canada sous la domination anglaise, où il dénonce les patriotes de 1835-38.

— En novembre, Augustin-Norbert Morin, clerc chez Denis-Benjamin Viger (député), à 23 ans, fonde La Minerve pour répandre les idées de Papineau et des patriotes. Ludger Duvernay prend la relève de Morin quelques mois plus tard, maintenant la vocation initiale du journal et laissant Morin à la direction. Duvernay, sans produire d’oeuvre remarquable, se situe au premier rang des promoteurs intellectuels de la période. Il exprime la tendance la plus radicale des patriotes, en opposition aux modérés comme John Neilson et Étienne Parent. Duvernay est aussi le principal imprimeur francophone. Grâce à Duvernay, La Minerve deviendra l’un des journaux les plus influents de 1826 à 1837, comptant après quelques années 1300 abonnés. Duvernay publie beaucoup d’oeuvres françaises, qu’il prend souvent chez Édouard-Raymond Fabre, le plus grand importateur de livres français au Bas-Canada. Dans les années 1850, La Minerve deviendra cependant l'organe du parti conservateur.

— Louis-Joseph Papineau devient le chef du Parti Patriote à 40 ans. Comme d’autres, Papineau a commencé par être clerc à l’étude de son cousin avocat Denis-Benjamin Viger qui a douze ans de plus que lui. Ce Viger manifeste dans ses essais une connaissance étonnante des auteurs du XVIIIe siècle, tels que Montesquieu et Duvoisin ; il doit son autonomie financière à son père entrepreneur et à un mariage avantageux.

— Fondation de Bytown par le colonel John By, officier britannique chargé de la construction du canal Rideau. En 1855, l'agglomération dépasse 10 000 habitants, ce qui lui donne le droit de prendre le titre de ville et d'adopter un nouveau nom: Ottawa.

— Le curé de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, Ch.-F. Painchaud publie une lettre d'admiration qu'il adresse à Chateaubriand, où il se dit profondément touché. Il demande même : « Comment avez-vous pu écrire de pareilles choses sans mourir? »

— À l'étranger : James Fenimore Cooper publie Le Dernier des Mohicans et Chateaubriand rédige son Voyage en Amérique qu'il fait paraître l'année suivante.

1827 — En début d'année, le gouverneur Dalhousie dissout la Chambre et déclenche de nouvelles élections avec l'intention de se débarrasser de Papineau. Comme résultat, le parti anglais se retrouve avec encore moins de sièges qu'auparavant et le parti de Papineau plus fort que jamais. Dalhousie refuse de sanctionner ce choix et proroge la session parlementaire. L'Assemblée envoie trois représentants à Londres (John Neilson, Denis-Benjamin Viger et Augustin Cuvillier) pour exprimer ses griefs et demander la destitution de Dalhousie. Londres les reçoit en mars 1828 et crée un comité qui produira un rapport largement en faveur des Canadiens français.

— Édouard-Raymond Fabre, principal libraire francophone, met fin à son association avec Hector Bossange parce qu’il n’apprécie guère le choix des « mauvais livres » que lui fait parvenir le libraire parisien.

— En France, Victor Hugo, à 25 ans, écrit la préface de Cromwell, qui deviendra la référence théorique des romantiques.

1828 — Après huit années de frustration, le gouverneur Dalhousie est désavoué et remplacé par James Kempt, qui était jusque-là gouverneur de la Nouvelle-Écosse. Son règne de deux ans sera sans affrontement, du fait que les membres de l'Assemblée attendent la mise en place de la nouvelle politique de la métropole.

— Mgr Panet écrit au roi George IV pour défendre les propriétés du Séminaire de Saint-Sulpice à Montréal, que les autorités britanniques ont l'intention d'acheter.

1829 — La nouvelle Loi des écoles connaît un franc succès : 262 nouvelles écoles primaires ouvrent leurs portes cette année-là, puis 752, l’année suivante. En 1830, 42 000 enfants fréquentent l’école. Mais en 1836, à cause des différends entre la Chambre d’assemblée et le Conseil législatif, les fonds sont coupés et les écoles sont fermées.

— Les anglophones fondent le McGill College à Montréal.

— Commencée en 1823, la construction de l’église Notre-Dame de Montréal se termine cette année-là. L’architecture, de style néo-gothique, est de l’Irlandais James O’Donnell. Après la cathédrale de Mexico, il s’agit du plus grand édifice religieux d’Amérique du Nord.

— Le séminaire de Québec édite et met officiellement au programme L'Art poétique de Boileau qui devient le maître incontesté de la théorie littéraire au Canada.

1830 — Michel Bibaud, âgé de 48 ans, publie le premier recueil de poésie au Canada. Poète mineur, Bibaud sera surtout connu pour ses satires : « Contre l'avarice », « Contre l'envie », « Contre la paresse » (paresse due selon lui au tabac et à l'alcool), puis « Contre l'ignorance » où il s'en prend aux superstitions. Pendant les trente prochaines années, très peu de poètes feront paraître des recueils ; leurs oeuvres paraissent presque uniquement dans la centaine de journaux et revues plus ou moins éphémères qui seront lancés. Quelque trois cents poèmes paraîtront ainsi entre 1830 et 1839, des poèmes patriotiques pour la plupart.

— Élections générales au Bas-Canada. La nouvelle carte électorale fait passer le nombre de députés de 50 à 84.

— À la fin de l'année, un nouveau gouverneur, lord Matthew Aylmer, débarque à Québec. Il endosse les résolutions que vote l'Assemblée et les fait parvenir à Londres qui, à son tour, les accepte presque toutes. Mais l'Assemblée du Bas-Canada refuse tout compromis, elle veut contrôler l'ensemble des revenus et des dépenses de la colonie. Le Parti Patriote se radicalise ; Papineau lui-même exprime de plus en plus clairement sa perte de confiance dans les institutions monarchiques. Le Parti se met aussi le clergé à dos, alors qu'il vote une loi pour uniformiser les assemblées où sont élus les marguilliers et vérifiés les comptes de la fabrique.

— C'est à partir de 1830 qu'une génération d'auteurs romantiques commence à se manifester : François-Xavier Garneau, Isidore Bédard, François-Réal Angers, Pierre Petitclair, Joseph-Guillaume Barthe, Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, etc.

— En France, les écrivains découvrent l'oeuvre de l'Allemand Hoffmann, écrite quinze ans plus tôt. Elle influencera Nodier, Balzac, Nerval, Gautier et Baudelaire, et connaîtra dix ans de célébrité en France. Parallèlement, le philosophe Auguste Comte commence à publier son Cours de philosophie positive, publication qui s’étendra jusqu’en 1842.

1831 — Population du Canada : 512 000 ; mais ce chiffre double avant 1860. Seulement en cette année 1831, 50 000 immigrants arrivent au Canada et débarquent dans la ville de Québec ; il y en aura 66 000 l'année suivante. Cette année 1832 verra la marée d'immigrants accompagnée d'une sérieuse épidémie de choléra qui fera 7000 victimes. Puis, entre 1833 et 1837, il y aura plus de 20 000 immigrants par année.

— Population de la ville de Québec : 27 000. De 1795 à 1831, environ un tiers de la population de Québec est constituée de militaires britanniques.

— Un peu plus de 10 % de la population du Bas-Canada habite en ville.

— Le Canadien renaît de ses cendres pour une troisième fois, sous l’impulsion conjointe de l’imprimeur Jean-Baptiste Fréchette et du rédacteur Étienne Parent, qui fera paraître, dans sa section littérature, des extraits de Chateaubriand, Lamartine, Frédéric Soulié, Alexandre Soumet et même Balzac (en 1833), ainsi que des extraits de La Mennais.

— De 1831 à 1833, François-Xavier Garneau est en mission à Londres comme secrétaire de Denis-Benjamin Viger. C'est durant ce séjour qu'il découvre les romantiques.

— Pour 191 paroisses au total, le clergé ne dispose que de 169 curés.

— Le Bas-Canada compte 186 écoles pour garçons, 183 pour filles et 844 établissements mixtes. La population scolaire compte 21 600 garçons et 20 500 filles. Les religieuses assurent un enseignement dans 22 établissements pour jeunes filles seulement ; 16 de ces couvents appartiennent aux Dames de la Congrégation. On dénombre par ailleurs 710 collégiens cette année-là.

— Comme Goëthe, Byron, Chateaubriand et Lamartine, Pierre Petitclair (1813-1860) peindra l'amour malheureux. Mais sa première oeuvre, qui paraît en 1831, alors que Petitclair a 18 ans, s'intitule « Le Revenant » ; il s'agit d'un long récit en vers. Petitclair, comme F.-X. Garneau, fait un stage de cinq ans dans l’étude d’Archibald Campbell, où ils trouvent tous les livres nécessaires pour satisfaire leur curiosité intellectuelle.

— En France, Honoré de Balzac, à 32 ans, publie La Peau de chagrin, roman à coloration fantastique. Dix ans plus tard, à partir de 1842, Balzac commencera son vaste projet de La Comédie humaine.

1832 — En juillet, P.-É. Leclère (surintendant de police) et John Jones, avec l’aide des sulpiciens, fondent L'Ami du Peuple, de l’ordre et des lois, journal qui appuie l'administration et vante l'appartenance à la Grande-Bretagne. Leclère remarque la verve du Français Alfred-Xavier Rambau, 22 ans, nouvellement arrivé, et l’embauche comme rédacteur. Rambau se met à attaquer les patriotes qu’il défendait dans Le Glaneur de Debartzch juste avant. Rambau fera paraître en feuilleton Le père Goriot de Balzac (en 1835-36) — non sans l’avoir censuré à quelques endroits — un an à peine après sa parution en France. Paraissent aussi des poèmes de Lamartine et des extraits de Chateaubriand. En 1835, Rambau organise un concours de nouvelles que remporte Georges Boucher de Boucherville avec « Louise Chawinikisique ». Le journal paraît jusqu’en 1840.

— L'épidémie de choléra qui frappe cette année-là sera la plus dévastatrice du siècle. La ville de Québec compte 2723 morts, alors qu'on en dénombre 2547 à Montréal, tout cela en cinq semaines. Suite à cela, on construit une station de quarantaine à Grosse Île, à quelque 50 kilomètres en aval de Québec.

— Une nouvelle loi limite à dix le nombre d’enfants admissibles gratuitement dans chaque école et fixe à 190 jours le calendrier scolaire.



A Suivre... de 1833 à 1839

Bizzz




La Suite...
De 1833 a 1839


1833 — Dans Le Canadien du 17 juillet, Étienne Parent écrit que le peuple canadien « n'a qu'à se féliciter, à remercier la Providence des événements qui l'ont fait changer de domination », c'est-à-dire passer de la France à l'Angleterre. Parallèlement pourtant, à partir de 1820, on commence à évoquer la vieille patrie, mère de la langue française.

— L'esclavage prend officiellement fin au pays alors que le gouvernement britannique décide de mettre un terme à cette pratique dans tout l'Empire. Mais cette mesure touche peu de Canadiens puisqu'il n'y a pratiquement plus d'esclaves au Canada, bien qu'il y en ait eu près de 4000 par le passé (dont 2 sur 3 étaient des Amérindiens).

— Il y a environ 400 000 Canadiens français au Canada à cette époque.

— Joseph Signay, à 55 ans, devient évêque de Québec, et désigne Pierre-Flavien Turgeon comme son coadjuteur. À la fin de son règne, en 1850, il aura ordonné 72 prêtres et 2 évêques ; le Canada se composera alors d'un archevêché et de quatre évêchés, et comptera 572 prêtres.

— En France, l'homme de lettres français Isidore Lebrun fait paraître son Tableau statistique et politique des deux Canadas. Il n'est jamais venu au Canada, mais il y possède tout un réseau de correspondants, et il reçoit plusieurs journaux canadiens. Il constate que le Canada n'a ni histoire ni littérature, mais il encourage les jeunes poètes à s'inspirer de la nature canadienne et des moeurs amérindiennes. Ce sera surtout le clergé qui réagira négativement, se voyant montré du doigt dans l'ouvrage.

1834 — Les radicaux du Parti Patriote (tels les Papineau, Bourdages, Elzéar Bédard et Augustin-Norbert Morin) rédigent et présentent, à titre de programme politique et de revendications, 92 résolutions qui expriment sans modération les griefs du Parti. Aux élections d'automne, les modérés du Parti Patriote, comme John Neilson, sont défaits. À Londres, le Parlement n'est pas en mesure de réagir, étant secoué par une crise intérieure : en onze mois, quatre ministres responsables des colonies se sont succédé.

— François-Xavier Garneau a 25 ans ; il revient d'un séjour de deux ans à Londres. Il produira jusqu'en 1841 le meilleur de son oeuvre poétique, avant de se consacrer à son Histoire.

— À quelques mois d’intervalle, les principales communautés ethniques du Canada fondent leur propre société nationale : les Irlandais lancent la fête de la St-Patrick le 17 mars ; les Canadiens, la Saint-Jean-Baptiste le 24 juin ; les Écossais, la St-Andrew le 1er décembre ; et les Britanniques, la St-George le 19 décembre.

1835 — Un premier conte canadien et une première légende paraissent dans un journal (plus précisément dans L'Ami du peuple), tous deux écrits par Georges Boucher de Boucherville; il s'agit, pour le conte, de « La Tour de Trafalgar », et pour la légende, de « Louise Chawinikisique ». La même année, Napoléon Aubin fait paraître trois contes dans La Minerve.

— Napoléon Aubin, âgé de 23 ans, se lie d'amitié avec Aubert de Gaspé fils, âgé de 21 ans. Ils fonderont bientôt Le Télégraphe, journal éphémère dans lequel vont paraître des extraits du roman L'Influence d'un livre.

— En août, arrive à Québec un nouveau gouverneur, lord Gosford, pour remplacer lord Aylmer en poste depuis cinq ans. Animé des meilleures intentions, Gosford tente rapidement de se lier avec les patriotes, car il a reçu le mandat de se concilier l'Assemblée. Il y parvient presque, mais quelques maladresses de ses subalternes l'empêchent de réussir. Pendant qu'il courtise les radicaux francophones, le gouverneur voit la communauté anglophone, indignée, fonder le Doric Club (une nouvelle version du British Rifle Corps), auquel les francophones opposent les « Fils de la Liberté ».

1836 — Par une bulle du 13 mai, le pape érige canoniquement le siège de Montréal en faveur de Monseigneur Lartigue. Il y aura désormais un « évêque de Montréal » en titre. Cet événement assure la légitimité de Mgr Lartigue que plusieurs membres du clergé contestaient, entre autres parce que Lartigue prône l’activisme social de La Mennais, ce que dénoncent les sulpiciens de Montréal.

— Construit à Québec, le premier steamer transatlantique, le Royal William, part en mer. Il met presque 20 jours pour aller de Québec à Liverpool, alors que les voiliers font la même traversée en 15 jours généralement.

1837 — Philippe Aubert de Gaspé fils publie ce qui sera considéré comme le premier roman canadien-français, L'influence d'un livre. En fait, la même année paraît le roman de François-Réal Angers, Les Révélation d'un crime ou Cambray et ses complices. Dans le roman d'Aubert de Gaspé, le chapitre 5, intitulé « L'Étranger », est attribué à Aubert de Gaspé père. L'influence d'un livre ou Le Chercheur de trésors est parfois présenté comme un récit d'aventures fantastiques et horribles.

— En juillet, Monseigneur Lartigue, évêque de Montréal, dénonce les appels à la révolte que lancent les patriotes depuis que Londres a rejeté les 92 résolutions. Quelques semaines plus tard, l'évêque de Québec fera de même. Pourtant, à la fin d'octobre, une foule de 5000 personnes se rassemble à Saint-Charles sur le Richelieu pour écouter les chefs patriotes que Papineau ne contrôle plus. En novembre et en décembre, des affrontements armés ont lieu, dans Saint-Denis et dans Saint-Charles d'abord, puis dans le village de Saint-Eustache, au nord de Montréal. Le gouverneur Gosford confie le commandement des troupes à John Colborne, qui assurera aussi l'intérim, jusqu'à l'arrivée du prochain gouverneur, John George Lambton, dit lord Durham.

— En Angleterre, couronnement de la reine Victoria. Pour l'occasion, Durham amnistie 153 patriotes emprisonnés. Huit des chefs du mouvement d'insurrection sont forcés d'exil aux Bermudes. Après cinq mois dans la colonie, Durham rembarque pour l'Angleterre, furieux d'apprendre que le Parlement britannique critique ses décisions en terre canadienne. Il confie l'intérim à Colborne, qui occupe ce poste pour une seconde fois en une année. Peu après, Colborne doit faire face à une nouvelle attaque des patriotes, provenant cette fois-ci des hommes réfugiés aux États-Unis. Elle sera facilement repoussée ; 12 personnes seront exécutées publiquement, des dizaines d'autres seront déportées en Australie.

— Jusqu'en 1837, les membres du Parti Canadien portaient le nom de « patriotes » ; après l'insurrection, ils s'appelleront « libéraux ».

— En août 1837, le Suisse Napoléon Aubin, à 25 ans, fonde le journal Le Fantasque. Aubin est arrivé en Amérique (à New York) à l'âge de 18 ans. Sa principale contribution à la vie culturelle québécoise tient à ce journal, publié à Québec jusqu'en 1845 ; ce journal se veut neutre, mais il penchera vite en faveur du Parti libéral et réformiste. Aubin sera aussi rédacteur du Castor puis de La Tribune. Il fera toute sa vie du journalisme spirituel et satirique ; de plus, son salon sera le lieu de rendez-vous de bien des personnalités de Québec. Notons que le prénom d'Aubin est en fait Aimé-Nicolas, mais comme Aubin participe au culte de l'empereur Napoléon mort en exil en 1821 (culte inspiré par les oeuvres de Hugo et de Béranger), il adopte ce prénom. Aucun autre journal de cette époque ne dépassera la popularité du Fantasque.

— Fondation de l'Association de la Propagation de la Foi pour soutenir financièrement les missions éloignées, comme celle de la Rivière-Rouge.

— Les sulpiciens de Montréal, conscients du manque d’enseignants qualifiés, font venir les premiers frères des Écoles chrétiennes. Ces religieux favorisent une formule pédagogique nouvelle, promise au succès : l’enseignement simultané, où le maître, devant la classe et à l’aide d’un tableau noir, enseigne à tous les élèves à la fois.

— En 1837-38, on parle du groupe du Populaire, dont le rédacteur en chef est le Français Leblanc de Marconnay. Il s’agit de Joseph-Guillaume Barthe, qui publie sous le nom de Marie-Louise, et de Odile Cherrier (une vraie femme, celle-là), qui fait paraître ses poèmes sous le nom d’Anaïs. Notons qu’à la même époque, Louise-Amélie Panet compose quelques vers, mais sans oser les publier. Le Populaire est un journal anti-patriote qui, grâce à Leblanc de Marconnay, se tourne résolument vers la littérature : en plus de publier en feuilleton des romans français récents, il fait une place aux jeunes auteurs canadiens, qu’il place normalement en première page.

1837-1838 — La Rébellion. Les Canadiens (français et anglais) réclament des gouvernements responsables (c'est-à-dire des gens élus qui vont prendre les décisions à la place d'un gouverneur imposé par Londres). Le Bas-Canada prend les armes, avec à sa tête Louis-Joseph Papineau (député nationaliste et chef du Parti Canadien depuis 1815) ; son groupe s'appelle les Patriotes. Ils sont écrasés. Le Haut-Canada se révoltent plus timidement, sous les ordres de William Mackenzie. Ils sont aussi écrasés. Londres demande à John G. Lambton (Lord Durham) d'enquêter sur les causes de la rébellion.

— La déroute des Patriotes marque la fin de l'emprise des esprits libéraux sur la société québécoise. Désormais, le clergé reprend les commandes et étend son pouvoir.

1838 — Pour la première fois, un bateau uniquement propulsé par un moteur à vapeur traverse l'océan atlantique. L'année suivante le Français Daguerre développe les premières photographies.

— Vers la fin des années 1830, Montréal compte 40 000 habitants et Québec, 35 000.

— On dénombre 596 hommes de profession francophones pour 500 000 catholiques, soit 1,2 pour 1000 ; alors que parmi les immigrants britannique ce taux est de 3,4 pour 1000. Le nombre 596 se divise comme suit : 324 notaires, 122 avocats, 101 médecins et 49 arpenteurs. Mais chez les gens de lettres, 60 % sont avocats, seulement 7 % sont notaires. La majorité de ces écrivants n’exercent cependant pas leur profession, ils occupent plutôt les postes de traducteurs, de sténographes et de greffiers pour les gouvernements.

— En 1838, les examens pour la classe de belles-lettres imposent des traductions de Cicéron, d’Horace et de Lucien, et, pour la classe de rhétorique, des traductions d’Homère, de Démosthène et d’Horace.

— En 1838, le peintre Antoine Plamondon reçoit un prix de la Literary and Historical Society of Quebec (LHSQ), pour son tableau Le dernier des Hurons.

— En France, Charles Nodier publie son dernier conte fantastique, « Lydie ou la Résurrection ».

1839 — Au début de janvier, le Gaspésien Joseph-Guillaume Barthe, alors âgé de 23 ans, est emprisonné quelque temps parce qu'il a écrit un poème jugé trop séditieux. Pour avoir publié ce poème dans son journal, Napoléon Aubin et son imprimeur Jacquies sont aussi emprisonnés (53 jours), dans une prison insalubre qui les rendra malades. Le Fantasque recommencera à paraître en mai.

— Signé le 31 janvier, le rapport Durham commence à paraître peu après dans la presse londonienne. Étienne Parent, dans Le Canadien, reproduit et commente des extraits du rapport, entre autres la fameuse expression « peuple sans histoire ».

— Charles Edouard Poulett Thomson arrive à Québec à titre de nouveau gouverneur. Il deviendra bientôt lord Sydenham.

— Napoléon Aubin fait paraître son récit « Mon voyage à la Lune », dans son journal Le Fantasque, entre le 9 juillet et le 13 novembre. Inspiré de l'ouvrage de 1657 de Cyrano de Bergerac, Aubin ne termine toutefois pas son feuilleton, qui ne connaît pas de suite après la sixième partie.

— À cette date, trois journaux de langue française et six de langue anglaise paraissent au Canada. Depuis 1800, une centaine de journaux ont vu le jour : la plupart sont disparus avant leur première année d’existence, souvent même après quelques semaines seulement. Jusqu’en 1830, le journal était encore imprimé sur des presses à bras, au rythme de 60 exemplaires à l’heure, pour un journal de 4 à 6 pages.

— À l'étranger : Edgar Allan Poe, à 30 ans, publie aux États-Unis ses Histoires extraordinaires, que Baudelaire traduira en 1856, en faisant par le fait même un grand succès en France. Des auteurs comme Maupassant et Villiers de L'Isle-Adam s'inspireront de son oeuvre.


A Suivre...
plus tard, je prends un petit break ;)

Contenu sponsorisé



Revenir en haut  Message [Page 1 sur 1]

Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum